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Werner Hofmann
L'art fantastique
- Éditeur
- Imprimerie Nationale
- Année
- 2010
- Ean
- 9782742793501
Présentation
Le fantastique n'est il pas une dimension inhérente à la création artistique, qu'elle soit littéraire, plastique ou musicale ? En un sens, tout artiste pourrait dire, avec Baudelaire, qu'il " préfère les monstres de sa fantaisie " à " la laideur de la nature " (Salon de 1859) Dimension si essentielle qu'elle unit des oeuvres littéraires aussi distinctes que celles de Borges, de Poe, de Maupassant ou de Hoffmann ; et que, en dehors même du genre consacré, elle imprègne les récits plus " réalistes " de Pulfo (Pedro Parramo), de Balzac (Le Chef-d'oeuvre inconnu), d'Henry James (What Maisie knew) Le risque est de l'envisager comme une notion si vaste et si confuse qu'elle englobe tout ce qui s'oppose au plat naturalisme : toutes les oeuvres d'imagination pourraient, dès lors, s'y rattacher. Ou, à l'inverse, de le définira priori selon des catégories abstraites qui le distinguent du fabuleux, du merveilleux, du féérique, et de l'enfermer en un étroit pédantisme. L'approche de Werner Hofmann s'écarte de la confusion comme du dogmatisme. Elle est concrète, ouverte, subtilement analytique. De chaque oeuvre il extrait l'essence particulière du fantastique qui en émane : et de cette sensuelle approche, se dégage une vision plurale du fantastique, perçu non pas négativement, comme ce qui refuse le réel, mais, plus profondément et selon l'étymologie du terme, comme ce qui " apparaît " en lui, émanant de la réalité par étrange déviation, ou rompant brutalement avec lui. Du haut Moyen Age aux surréalistes et jusqu'aux plus contemporaines installations, l'auteur éclaire ainsi la quête, sans cesse renouvelée par les artistes, d'une " autre réalité " qui s'affranchit des règles de l'imitation et déborde la rationalité de l'illusion, focalisée dans l'unité de la perspective albertienne. Grotesques, caprices, disparates font éclater non seulement l'unité du sens mais aussi, et surtout, celle de l'espace harmonieusement ordonné. Cette aventure hors du champ rassurant de la " réalité " savamment reconstruite, appréhende - dans les deux sens du terme ! - le réel, mais déformé par les arabesques, les labyrinthes, les montages (Bosch, Picabia), les anamorphoses, les visions cauchemardesque ou fantomatiques. Un antimonde où règne l'imagination, créatrice d'êtres inédits.