Eau douce

Présentation

Lues dans leurs œuvres respectives, entendues ici ou là, ou vues sur le mur d'une ville du Sud, deux phrases traversent mon existence depuis fort longtemps : «Aucun de nous n'est complet en lui seul», de Virginia Woolf, et «À moi seul bien des personnages» de William Shakespeare. Je ne pris cependant conscience de leur présence récurrente qu’à la lecture d’Eau Douce. Histoire de possession, conte d’envoûtement ou roman psychanalytique, ce premier roman aux lectures multiples nous plonge dans les abysses du dédoublement de personnalité. D’origine igbo, une ethnie du Nigéria, Akwaeke Emezi donne la parole aux esprits qui façonnent la vie de chaque être lorsque ceux-ci sont dans le ventre de leur mère. Ada vient au monde un pied dans le monde des vivants, et l’autre dans celui de ses esprits. Envahie par les différentes voix qui contrôlent son existence, par la force et le pouvoir monstrueux de ces dernières, la jeune femme se réfugie dans la chambre de marbre où se rencontrent son je, son moi et toutes ses folies... Éblouissant !